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Par Alanie Genest

Que faire lorsqu'un ami tombe sous l'influence de la crack?

Que faire lorsqu'un ami tombe sous l'influence de la drogue Crack? Ici, l'écrivaine d'Eko, Alanie Genest, écrit une lettre ouverte à son amie dans l'espoir de toucher non seulement lui, mais toute autre personne avec un ami accro.

Certaines personnes sont passées dans notre vie et en sont ressorties quelques temps après.

Il nous avait semblé que nous avions partagé la tâche du bonheur, d’égal à égal.

Nous ne nous étions pas vu comme un être essentiel pour cette personne.

Les bons moments que nous avions partagés étaient de pures joie; nous pensions que cette même personne allait les recréer sans problème en notre absence.

Il restera ces instants, dans notre esprit, des joyaux de pure splendeur.

Car ce seront les seules preuves restantes de la joie insouciante de cette âme.

Au moment de sa chute, nous comprendrons que nous n’avions jamais vraiment compris notre rôle.

Ne sous-estimons jamais le bonheur que nous amenons à quelqu’un, ce sera peut-être seulement nous qui aura réussi à le lui donner.

Rappelons-nous la simplicité de notre essence, ce que nous voulons partager.

C’est ce que cette histoire nous rappelle cruellement.

Lettre ouverte à un ami de la rue qui est devenu addict au crack

Mon ami,

Mon amoureux m’a dit que tu es rendu un zombie; tu n’es plus toi. Il a essayé de t’aider hier, quand il t’a rencontré par hasard. Je lui ai dit de le faire; depuis plusieurs mois mon intuition me disait que tu n’allais vraiment pas bien. Mais, après quelques heures, tu lui as volé son argent et tu es parti; tu avais besoin de ta drogue. Pourtant, malgré les problèmes des gens de la rue, tu ne t’en tenais qu’au pot et à la bière pendant plusieurs années.

Je suis déchirée de l’intérieur, secouée de sanglots internes.

 

La première retrouvaille, ça faisait deux ans qu’on ne s’était plus revus.

Je venais de faire un tatou de moi, l’ange qui prie à genoux dans une flaque de sang.

Tu m’avais accueillie comme jamais.

Cette fois, tu ne jouais plus.

Tu avais besoin de ma lumière. Je te l’ai donnée en quelques minutes de tour de métro. Et tu l’absorbais en docilité et douceur.

 

Et j’ai rêvé à toi.

 

Tu avais vraiment besoin de moi. Je le savais. Mais je ne savais pas que tu allais te détruire radicalement.

Quand je t’ai recroisé, dans le métro, 2 ans plus tard, tu étais distant, je ne comprenais pas ce qui se passait dans tes yeux.

Tu étais mal à l’aise.

Malgré le fait que nous étions en famille, mon copain avait été ton ami bien avant que moi et lui soyons un couple.

 

Toi qui parlais, riais et jouais de la batterie si fort lors de nos réunions !

 

Le lendemain, quand la providence nous a remis sur la même route, je t’ai laissé ton espace, je ne voulais pas te rendre mal à l’aise.

 

Tu allais acheter un livre à la libraire, près de là où j’attendais mon coéquipier pour le tournage de mon vidéoclip. J’étais habillée en blanc, comme une ange, et tu voyais mon tatou sans bandage sur mon mollet pour la première fois; tu en avais la preuve.

 

Je me sens coupable, je suis enragée après la société, qui ne pourra pas te sauver.

Les ressources que l’on fréquentait, même les hébergements de longue durée, ne sont plus pour notre âge, après 30 ans, 35 ans; on est laissé-es à nous-même. Ou bien avec des gens plus vieux, qui sont en situation d’itinérance depuis des années, et qui ne nous amènent pas d’espoir.

 

Tu as déjà quitté ce monde, où tu ne trouves pas ta place, qui est une vraie farce macabre.

 

Jamais je ne pourrai te sauver, car pour ce faire, je devrais revenir dans ta ville, et attendre que tu reviennes à moi par un coup de dés.

Puis, ne pas te lâcher jamais, t’envoyer en thérapie.

Prendre soin de toi comme Dieu.

Je suis une femme remplie de sens et d’essence.

Je ne peux pas m’occuper de plusieurs hommes.

 

Je vais tenter de retrouver ta mère sur Facebook, la sermonner, la prier de t’emmener en désintox, de ne pas t’abandonner.

Peut-être que mon copain aurait dû t’envoyer en désintox.

Mais c’est difficile de sauver une âme perdue, qui n’aime plus ce monde.

Pardonne-moi.

 

Et vous, vous feriez quoi pour sauver une âme perdue ?

Vie

Life

Photo: James Galwey

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Biographie de l’auteure: Améthyste est une guerrière des mots, philosophe et bien dans ses chaussettes. Elle sait comment aider par l’écriture, et la musique est aussi une autre de ses pratiques. Elle a collaboré à deux sites de rédaction dont R-magazine en 2014 et 2015 et le coloriste.com en 2014 également. Elle travaille actuellement sur son blogue personnel à amethyste-yo.blogspot.com

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